Disparition des abeilles : une fatalité ? (1/2)


Le silence des abeilles par AMAPD

Albert Einstein aurait un jour déclaré :

« Si les abeilles venaient à disparaître, l’homme n’aurait plus que quatre années devant lui. Sans abeilles, plus de pollinisation, plus de plantes, plus d’animaux. »

Si ce grand scientifique a évoqué ce danger écologique majeur qu’est la disparition des abeilles alors même que cette disparition n’était pas un fait avéré comme elle l’est aujourd’hui, c’est qu’en effet, les abeilles jouent un rôle primordial pour l’alimentation. Imaginez à quoi ressembleraient vos repas, et pas seulement votre petit déjeuner, si tout ce qui résulte de la pollinisation (à commencer par les fruits et les légumes, mais en passant également par les céréales) devient un mets rare et presque introuvable !

Episodes de disparition cyclique des abeilles : le CCD

Episodiquement, les abeilles ont parfois connu des épisodes de disparition cyclique, mais ce que l’on appelle aujourd’hui le CCD (colony collapse disorder) est un phénomène inédit et global. La France et le reste de l’Europe figurent parmi les premiers touchés, à la fin des années 1990, et les Etats-Unis en furent à leur tour victimes à partir de 2005. Le CCD survient en général à la fin de l’hiver, et se caractérise par trois symptômes qui empêchent toute confusion avec d’autres phénomènes accidentels de disparition :

  1. Tout d’abord, si la ruche est vidée de ses occupants, il est impossible de retrouver les abeilles mortes à proximité de la ruche : elles semblent tout bonnement s’être évaporées. Ce n’est pas le cas de la reine qui, dans la grande majorité des cas, est en bonne santé.
  2. Le couvain est à l’abandon, la population adulte de la ruche ayant subi un déclin massif. Ainsi, aux Etats Unis près de 25% du cheptel a disparu au cours de l’hiver 2006, et c’est parfois jusqu’à 90 % d’une ruche qui peut être décimé.
  3. Le pillage, ou le cleptoparasitisme de la ruche est en conséquent retardé, voire ne se produit tout bonnement pas lorsque c’est la colonie entière qui a été décimée.
 

Les abeilles disparaissent : conséquences sur le miel

Si les abeilles disparaissent, l’on peut s’interroger sur le retentissement de cette disparition sur le produit qu’elles engendrent directement, à savoir le miel. Henri Clément, président de l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf), et apiculteur professionnel, rédacteur en chef de la revue Abeilles et fleurs, a répondu ainsi à Atlantico :
« Henri Clément : Il y a de moins en moins de miel. La France, bien que leader en 2012, a vu sa production largement réduite. On est passé de 32 000 tonnes à 16 000 tonnes seulement. En 15 ans, la production nationale a été divisée par deux, et les importations multipliées par 4. Aujourd’hui 24 000 tonnes importées. Ce constat est mondial. En Argentine, les chiffres sont passés de 100 000 tonnes à 60 000 tonnes : cela est dû essentiellement à l’augmentation de la culture du soja qui se fait au détriment du riz et des tournesols. Le goût du miel reste inchangé. » (29 juillet 2013)